#20 - Ca m'en touche une sans faire bouger l'autre.
Ah, les joies d’être papa ! Lors des préparatifs pour les fêtes de Noël que nous avons passées à Bordeaux, j'ai eu le privilège de découvrir chez mon fils de deux ans un talent inné pour... l'indifférence.
Ma simple demande "Range tes jouets s'il te plait", a fait preuve d'un monumental désintéressement de sa part.
Compter jusqu'à trois, menacer d'appeler le loup, rien n'y a fait. Je ne sais plus exactement comment ca s'est terminé mais, du haut de ses 2 ans, je voyais bien dans ses yeux que ce que je lui disais lui en touchait une sans faire bouger l'autre, clairement.
En 1987, alors Premier ministre, Jacques Chirac lançait cette phrase devenue culte. Un missile de désinvolture lancé à François Mitterrand. C'était un mantra presque stoïcien. Cette phrase, bien plus qu'une expression triviale, est une leçon de maîtrise de soi et de détachement émotionnel.
Je dois admettre que je me surprends à essayer d'adopter de plus en plus cette philosophie, pour me détacher du travail justement. En apparence simple, elle révèle une profondeur insoupçonnée. Face aux aléas de la vie, peut-être devrions-nous tous mettre cette maxime en pratique dans notre quotidien. La sagesse, après tout, peut se cacher dans les endroits les plus inattendus que ce soit dans les yeux d'un enfant de deux ans ou dans celle d'un ancien président de la république.
La nature des événements externes
Notre bien-être est moins influencé par les événements qui se produisent autour de nous que par la manière dont nous réagissons à ces événements. Cette approche souligne l'importance de la résilience et de la maîtrise de soi, mettant l'accent sur l'impact de notre perception et de notre attitude. En acceptant les situations et en se concentrant sur les éléments de notre vie que nous pouvons contrôler, nous préservons notre tranquillité d'esprit et notre équilibre.
Cela nous aide également à nous focaliser sur nos priorités, sans nous laisser distraire par des détails insignifiants. En tant qu'entrepreneur par exemple, il est crucial de comprendre notre marché et d'être en interaction directe avec lui, en suivant les tendances mais sans nécessairement être perturbé ou changer de cap en fonction des actions de nos concurrents. Si notre plan est bien pensé, il faut le suivre sans vaciller au gré des vents. Il est important de se distancer du bruit ambiant et des critiques non constructives.
Cette idée s'applique aussi à la manière dont nous gérons les défis quotidiens. Il est crucial de les aborder un à un et de les résoudre rapidement. Cependant, il est tout aussi important de ne pas exagérer leur importance et de s'efforcer de les laisser au travail, évitant ainsi de les emporter chez soi. Sinon, notre vie familiale risque d’en pâtir, car bien que physiquement présents, nous sommes mentalement ailleurs. Une solution efficace est de désactiver les notifications. Bien que cela semble simple en apparence, en pratique, c'est plus compliqué. Personnellement, même si je les désactive, je finis par vérifier les applications, donc cela ne change pas grand-chose pour l'instant 😕, mais je travaille à améliorer cela.
Maîtrise de soi et détachement émotionnel
Le détachement émotionnel ne signifie pas être apathique, mais plutôt gérer ses émotions de manière judicieuse. L'objectif n'est pas d'étouffer les émotions, mais de les comprendre et de les diriger correctement. La maîtrise de soi se traduit par la capacité à observer les événements sans être emporté par eux, ce qui permet de réagir de manière mesurée et réfléchie, même dans des situations difficiles.
Cependant, être perçu comme excessivement détaché peut avoir des désavantages. Dans ma vie professionnelle, on m'a reproché à plusieurs reprises de sembler indifférent. Certains ont même interprété mon comportement comme de l'arrogance, ce qui n'est absolument pas mon intention. Je pense que mon détachement peut être vu comme une barrière protectrice contre le stress ou l'anxiété. Bien qu'il puisse en partie s'agir d'une défense, il reflète également ma confiance en moi et mon indépendance, en particulier lors de négociations ou dans des situations conflictuelles.
Avoir confiance en soi et être sûr de ses propres opinions peut effectivement entraîner un effet secondaire négatif : la tendance à ne pas écouter suffisamment son entourage. Cette assurance peut parfois conduire à minimiser les perspectives et les idées des autres, sous-estimant ainsi leur valeur ou leur pertinence. Dans un tel contexte, il devient facile d'ignorer des points de vue différents ou complémentaires, ce qui peut limiter la compréhension globale d'une situation et potentiellement conduire à des décisions moins éclairées.
Impliqué mais détaché
Cet équilibre entre implication et détachement semble être le juste milieu à atteindre. Cette sagesse m'a été transmise par un ancien collègue de la BIL (merci David 😀), et elle résonne en moi, surtout quand je sens que je perds le contrôle dans certaines situations.
L'implication, qu'elle soit émotionnelle, intellectuelle ou physique, est essentielle dans tout projet ou situation. Elle implique un investissement personnel, un sentiment d'appartenance, voire de passion. Toutefois, une trop grande implication peut parfois mener à la perte d'objectivité ou à un épuisement émotionnel, si elle n'est pas équilibrée.
D'autre part, le détachement renvoie à la capacité de se séparer émotionnellement des situations. Ce n'est pas synonyme d'indifférence, mais plutôt d'une forme de maturité émotionnelle, permettant de garder une vision claire et objective.
L'alliance de l'implication et du détachement représente un équilibre subtil entre passion et raison. Elle implique une participation pleine et entière, tout en maintenant une distance nécessaire pour préserver l'objectivité et le bien-être personnel.
Si nos actions ne sont pas guidées par la raison, alors quels sont les moteurs ? Nos pulsions, nos caprices, l'imitation, ou l'habitude ? Un examen de nos comportements passés révèle souvent qu'ils étaient dictés par des forces non examinées, sources de regrets potentiels.
Adopter cette approche équilibrée aide à maintenir une santé mentale, à prévenir le burn-out et à gérer le stress. Cela signifie s'investir dans son travail et se soucier des résultats, tout en sachant prendre du recul pour garder une perspective objective et éviter l'épuisement professionnel. Il s'agit de s'engager dans le monde et ses activités, tout en restant libre des attachements qui causent la souffrance.
Conclusion
La parentalité, la vie professionnelle, ou les relations personnelles, réside dans la capacité à naviguer habilement entre l'implication et le détachement. L'histoire de mon fils et la référence à Jacques Chirac ne sont pas seulement des anecdotes amusantes, mais des illustrations de cette sagesse intemporelle. Le détachement n'est pas une fuite devant les responsabilités ou les émotions, mais plutôt une manière d'embrasser la vie avec une clarté de pensée et une sérénité d'esprit.
Dans notre quête d'équilibre, nous apprenons que la vraie force réside dans la souplesse, et la vraie sagesse dans la capacité d'adaptation. Que ce soit dans l'éducation d'un enfant, la gestion d'une entreprise, ou la conduite de notre vie personnelle, l'importance de savoir quand s'engager passionnément et quand prendre du recul est primordiale. Cette dualité, loin d'être contradictoire, forme un tout cohérent qui enrichit notre expérience et notre compréhension du monde.
Ainsi, en embrassant à la fois l'implication et le détachement, nous trouvons une voie vers une vie plus équilibrée et épanouie. C'est en reconnaissant et en acceptant cette dualité que nous pouvons véritablement prospérer, en étant pleinement présents dans nos actions tout en gardant une distance saine face aux turbulences de l'existence.
Et vous? Que pensez-vous de tout ça? N'hésitez pas à me contacter ou à laisser un commentaire ✍️
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